lundi 17 mai 2010

A little walk around taxidermia (3) : petit détour par le cinéma

Je ne suis pas cinéphile invétérée, c'est un fait. Dans mon entourage, d'autres font cela très bien. Juste une promeneuse du dimanche au pays du septième art. Mais je termine à l'instant le deuxième visionnage de "Taxidermia" de György Pálfi et ne peux me résoudre à le laisser de côté.

J'aurais donc pu évoquer Dell, la femme en noir du fantasmagorique "Tideland"(2005) de Terry Gilliam, qui taxidermise le corps du père de la petite Jeliza-Rose. J'aurais pu parler aussi de Norman Bates dans "Psychose" (1960), ou de certains films d'horreur mettant en scène avec une jouissance perverse cette occupation tellement propice aux retournements d'estomac. Mais non... je m'en tiendrai à ce film franco-austrio-hongrois. Parce qu'après l'avoir vu, on se tait. Pendant un temps du moins. Et puis c'est selon...

Je vais donc tenter de ne pas spoiler tout en partageant un minimum les tenants et aboutissants de ce triptyque qui nous pousse au delà de nos derniers retranchements.

Dans "Taxidermia", sexe, bouffe et immortalité se partagent l'écran comme trois manière de pénétrer le corps dans ce qu'il a de plus viscéral, cet élément même qui fait défaut à l'animal empaillé. Le film passe en revue la vie de trois personnages issus d'une même famille hongroise : le grand-père, troufion obsédé par ses penchants masturbatoires, et zoophile par défaut; le père participant compulsivement à des concours de gavage et de" speed-eating"; et le fils, jeune taxidermiste pâle et maigrichon, héritier emplâtré des tares de ses prédécesseur généalogiques.
Stylistiquement, une structure en trois actes, des gros plans plongeant au cœur de la matière, certains mouvements de caméra parfois vertigineux et même quelques envolées oniriques. Le tout baignant dans une ambiance crue et sordide où les hommes, malgré l'extrémité de leurs actes, ont étonnamment encore l'air d'êtres humains. Peut-être parce que l'on nous rappelle sans cesse leur condition bio-physiologique. Peut être parce qu'ils dévoilent leur fragilité à fleur de peau. Peut être juste parce qu'ils sont monstrueux, et juste parce qu'ils veulent être parfaits.
"Au centre de ce film, il y a le corps humain -dans sa réalité naturaliste et avec ses désirs surréalistes. Et au fur et à mesure que les désirs habitent le corps, le surréalisme prend le dessus sur le naturalisme. chaque scène du film peut exister indépendamment des autres. Mais mises bout à bout, toutes ces scènes prennent comme par magie, un sens nouveau. La manière cruelle de raconter l'histoire contient une brutalité émotionnelle, bien plus forte que la brutalité des images. Le film explore les frontières extrêmes de la vie humaine, et ses limites. Il y a grossier et grossier." (György Pálfi, à propos de "Taxidermia")
Ce film sent le vomi, le beurre rance, le foutre et les tripes. Mieux vaut être prévenu. Mais j'en suis ressortie attendrie. Enfin, attendrie à la manière de ces viandes que l'on passait dans un "attendrisseur", cette machine constitué de deux plaques munies de dents en métal qui transperçaient la chair. Mais quand même...

4 commentaires:

  1. Je trouve que tu parles drôlement bien de Taxidermia...du coup, je vais peut-être dépasser ma réticence à le voir, celui-là! :) (je précise qu'il est sur l'étagère à dvd depuis un certain temps, mais "en suspend")

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  2. Merci :) Je serais curieuse de connaitre votre impression (en veillant juste à ne pas spoiler, pour les autres qui seraient dans votre cas)

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  3. Isa, tu peux me tutoyer, haha...papou papou = Anne-Lise (un bon vieux pseudo qui me colle à la peau)...promis, on en cause dès que je l'ai vu, et pas de spoilers (pas mon genre, héhé)

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  4. Haha hello Anne-Lise! Contente de te voir ici! Et encore plus curieuse d'avoir tes impressions.

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