vendredi 29 avril 2011

Taxidermie, un an après (part 2)

Peu de temps après, autre expo à deux pas de ma maison grotte-mirador.

Un lion sur mon drap de lit

L'expo se déroule cette fois dans la galerie d'art/salle de vente/magasin de meubles-et-déco d'un hôtel particulier. La mise en scène est parfois un peu jetée (les animaux sont posés ça et là entre deux fauteuils, avec pour principale étiquette leur prix). Mais le décor est flamboyant et les éclairages très biens pensés. On se perd avec plaisir dans le dédale des pièces, à la recherche des animaux.
"Oh, regarde, un lion sur le couvre-lit à 3750 €! Oui, et là,viens, y a un crocodile entre les chaises de jardin! Et le bébé rhino, t'as vu le bébé rhino? Steuplait, on prend le même à la maison?"

Bref.


  
L'auteur de ces merveilles est Jean-Pierre Gérard (que j'avais déjà évoqué ici). Issu d'une tradition familiale de près de 140 ans au service de la taxidermie, ce monsieur fourni une vingtaine de musées d’histoire naturelle en Europe, mais aussi de célèbres collectionneurs étrangers comme l’Emir du Qatar. Ici, il nous présente des ours, girafes, oiseaux, ou encore des hippopotames, zèbres et autres girafes recréés au moyen des plus récentes techniques. Pour les grosses, pièces, plus question de rembourrage en paille. Une sculpture en mousse de polyuréthane est réalisée, puis habillée de la peau de la bête. Le résultat est parfois saisissant en matière de dynamisme et de précision de la pose. Nous sommes donc loin des renards difformes et poussiéreux des vieilles vitrines de sciences naturelles (que j'affectionne tout autant ceci dit - d'ailleurs, petit hommage ému à un des plus vieux requin empaillé : ici).

Alors, toi aussi tu rêves d'une girafe dans ton salon? Nous te proposons en exclusivité le "Snul Kit © Émir du Qatar de Wallonie" (avec en bonus un essuie blanc brodé de chicons -une serviette blanche brodée d'endives-, un rouleau de gaffa pour le faire tenir sur ta tête et un baril de pétrole anti-stress portatif). Attention, prévoir une hauteur de plafond suffisante  (elle mesure près de 5m) et 52.000 €.

En musique


Et parce qu'un peu de musique ne fait jamais de tort, voici l'étrange histoire de Philippe B. entre les mains d'un taxidermiste:

mercredi 13 avril 2011

Taxidermie un an après (part 1)

I haz a taxidermia monomania. 
C'est clair.Ça ne se soigne pas. Enfin pas très bien. Mais cela s'entretient.

Un an (quasi) après mon premier post sur le thème, je fais donc le point sur le sujet. En effet, il y a peu, grâce au conseil éclairé d'un ami, j'ai eu la chance de découvrir les collections fabuleuses de Pierre-Yves Renkin, taxidermiste de nos vertes contrées. Et comme les bonnes trouvailles ne viennent jamais seules et que mes amis sont particulièrement bienveillants en ce qui concerne mes monomanies, j'ai eu droit à une deuxième promenade aux trésors juste à deux doigts de chez moi.

*is so fucking happy she could shit rainbows*
*petits bonds de joie et sourire béat*


Collection d'un taxidermiste

Décor n°1: le petit musée communal de Woluwe-St-Lambert. Quatre pièces en cabinet d'amateur, peuplées par les collections du sieur Renkin (et certaines de ses réalisations personnelles).


Taxidermiste : un métier, une passion par Zoomin_France


A l'entrée, à côté d'un rhino sculpté et d'un profil d'éléphant, un documentaire tourne en boucle et nous met dans le mood : "Esther Forever" (réalisé par Richard Olivier) ou le portrait d'une septuagénaire vivant avec sa sœur et ses chiens empaillés. Tout un programme, et un sacré personnage, aussi dure et fragile qu'un hamster lyophilisé.

La pièce suivante nous présente une série de sculptures et dessins anatomiques, dont un magnifique escargot d'environ 1m de long, en plâtre, avec son intérieur exposé au grand air (pour montrer aux petits nenfants de l'ancien temps comment sont faites ces bêtes-là, sans devoir les triturer du scalpel parce que ça fait des taches). Puis la même chose avec des humains, des araignées, des yeux (n'oubliez pas de faire la liaison - ndgm*), etc.

*ndgm : note de Grammar Nazi, qui passait par là et voulais faire son chieur malin
 
ce n'est pas celui-là mais ça y ressemblait

 Après ces explorations anatomiques, place aux fleurs, oiseaux et autres champignons. Là, je tombe en admiration devant un pare-feu composé d'une sorte d'arbre (genre arbre généalogique) sur lequel sont placés des oiseaux-mouches empaillés (ça fait quoi, 3 ou 4cm ces machins-là, et donc remplis avec un demi brin de paille en gros, je ne vous dit pas le travail de précision). Le tout est donc placé entre deux vitres et posé devant le feu ouvert. Ça vous rejoue L'Oiseau de Feu en direct tous les soirs et ça tient chaud en prime. Non, sincèrement, un pur chef-d'œuvre, un travail d'orfèvre. Une autre version était même animée et sonore (elle est visible sur la vidéo).

Dans la dernière pièce, d'autres surprises nous attendaient. Des crânes sculptés, des reconstitutions de systèmes nerveux en papier mâché (je veux faire la même chose en dentelle - ndlr), le squelette d'un oiseau-éléphant, un bébé singe momifié (il semblait encore vivant), etc. 
Et puis les grenouilles... parfait exemple de taxidermie anthropomorphe. Dans une vitrine une vingtaine de grenouilles sont présentes : accoudées au bar, jouant au billard, tapant la carte ou buvant un verre... L'ensemble est ancien (époque victorienne si mes souvenirs sont bons) mais magnifiquement restoré. Les pauses sont dynamiques et l'ambiance est vraiment bien rendue. Pour peu on sentirait la bière et la cigarette.

le dodo d'Alice (ill. J. Tenniel)
Tous ces éléments font partie de la collection personnelles de Pierre-Yves Renkin.  Mais une des pièces maitresse de l'exposition est sa reconstitution du dodo de l'île Maurice. Il aura fallu de la patience et une quantité impressionnante de recherches, pour rendre au mieux ce qu'a dû être cette sorte de pigeon géant aujourd'hui disparu. 


Avec cette exposition, Pierre-Yves Renkin m'a emmenée dans un monde étrange digne de l'Imaginarium du Docteur Parnassus. Ce mélange de curiosité, de bizarre et d'anecdotique, d'histoire fabuleuse et d'objets improbables continue à me subjuguer, c'est certain.


Allez, hop, encore quelques images pour la route.


jeudi 7 avril 2011